Comment soutenir la culture en temps de crise ?

Artosoir est un blog en premier lieu consacré à la culture. Il était donc évident pour moi de vous parler de la situation du milieu culturel depuis l’apparition de la crise autour du coronavirus. Comme vous l’entendez sûrement déjà souvent, la culture est un des secteurs économiques les plus touchés par la pandémie. Je vais ici vous expliquer pourquoi la culture est en crise et pourquoi il faut la soutenir. Enfin, nous verrons comment nous pouvons agir individuellement pour la soutenir.

Aujourd’hui, plus que jamais, les gens ont besoin de la culture. La culture nous rend plus résistants. Elle nous donne de l’espoir. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas seuls.

La culture, un besoin vital en temps de crise, UNESCO

Pourquoi la culture est en crise ?

La culture regroupe de nombreux domaines artistiques et économiques : spectacle vivant, art plastique, musique, cinéma, patrimoine, littérature, jeux vidéos, etc. Hormis peut-être le secteur du jeu vidéo, tous les domaines ont subi de plein fouet les restrictions liées aux conditions sanitaires imposées.

La culture face au coronavirus

A l’annonce du premier confinement, les théâtres, les cinémas, les salles de concerts, les musées et autres lieux patrimoniaux ont dû fermer leurs portes.
Comme tout le monde, leur activité a pu parfois se poursuivre à distance pour maintenir le lien avec leurs publics.
Au déconfinement, des restrictions ont continué à peser sur ces structures. Les rassemblements étaient limités et les grands événements culturels de l’été ont été annulés plus ou moins complètement. 

Reposons le contexte de ce secteur professionnel. La culture, ce ne sont pas que des institutions subventionnées.
La culture, ce sont des artistes qui doivent faire un nombre d’heures suffisant en France pour avoir une allocation d’intermittence. Ce statut n’existe d’ailleurs pas partout dans le monde. Le statut d’artiste qui peut déjà être précaire en temps normal le devient encore plus quand on ne peut plus exercer librement son métier. Les “petits boulots” sont en effet les plus atteints. 

La culture, ce sont des associations ou des indépendants en micro-entreprises qui peuvent bénéficier d’aides mais qui sans revenu suffisant vont péricliter, comme toutes les entreprises fragiles. Les pertes économiques sont énormissimes, d’autant plus que la culture vit aussi grâce à d’autres secteurs d’activités eux aussi touchés comme le tourisme, la restauration et l’hôtellerie ou les commerces de proximité.

La création est également atteinte. L’impossibilité de se réunir empêche les rassemblements créatifs autour d’une œuvre ou sa diffusion au public.
Les lieux patrimoniaux sont vidés de leur public. Le patrimoine immatériel ne peut plus avoir lieu et cela a des conséquences sur sa pérennisation.
L’accès à la culture est menacé. Tout le monde n’a pas accès à la culture numérique.
Bref, nous vivons une période où la culture n’est plus un bien essentiel. Car au sein de la consommation générale, la culture pèse mais pas assez pour qu’on la maintienne coûte que coûte.

“J’ai l’impression que la culture est toujours en crise”

C’est une phrase que j’entends souvent et que je comprends. Il faut néanmoins redonner un contexte à ce discours.

Lorsque j’étais étudiante, je voyais tous les secteurs culturels se défendre bec et ongle pour avoir plus de subventions publiques. Cela afin de proposer une offre culturelle de qualité à l’ensemble des publics, des habitués et des populations plus éloignées. J’étais déjà perturbée par cette volonté d’avoir besoin de toujours plus. Je ne comprenais pas pourquoi ces personnes se plaignaient alors qu’elles avaient de l’argent public qui arrivait sur la base d’une confiance entre une collectivité territoriale et une structure qui menait des activités culturelles intéressantes.

Puis j’ai en partie compris le sens de cette bataille. La culture ne vit en effet pas juste en récoltant l’argent des spectateurs/lecteurs/visiteurs. Les tarifs sont souvent plus bas que leur coût véritable. Je vais rarement voir des spectacles dans des salles privées qui n’ont pas de subventions publiques car je trouve les prix trop élevés. J’imagine que c’est le cas pour beaucoup de gens qui doivent réfléchir avant de choisir un divertissement payant.

Les prix bas sont maintenus grâce aux subventions. Et ainsi, tout le monde peut avoir accès à une partie de la culture, sans avoir à payer un rein ! Alors quand les subventions baissent, c’est le secteur qui refuse de restreindre l’accès à ses actions culturelles à une catégorie de la population qui a les moyens de payer. Et c’est malheureusement ce qu’on les pousse à faire de plus en plus.

En quoi est-il important d’avoir une offre culturelle ?

La culture est le pilier qui nous permet de réduire nos distances en temps de confinement et c’est pourtant l’un des secteurs les plus en crise en ce moment. Après cette longue présentation de la situation actuelle de la culture dans le monde, voyons pourquoi il faut soutenir la culture coûte que coûte.

Relever l’économie du pays

La fermeture de lieux culturels a des conséquences sur l’économie locale notamment touristique. De nombreuses communautés dans le monde dépendent du tourisme culturel. Or plus personne ne voyage en ce moment et cela est terrible pour des populations dont les revenus reposent principalement sur cette activité.

Cela prouve bien que la culture locale est un pilier de l’économie. La consommation passe aussi par des biens immatériels. Il faut donc mettre les secteurs culturels dans la catégorie des biens de consommations qui vont relever l’économie.
Alors non, la culture ne va pas relever à elle seule l’économie, mais elle peut y contribuer, autant que d’autres secteurs commerciaux.

Un fondement du bien-être et de la résilience 

La culture rapproche dans un temps où l’éloignement est la règle. Elle amenuise la distance qui sépare les gens.
Les rituels, cérémonies, religieuses ou non ne se font plus et cela a des conséquences psychologiques et sociales majeures.

La culture est ce qui nous fait tenir le coup pendant cette période troublée. Il ne faut pas la négliger dès que nous retrouvons notre liberté. Et il ne faut pas oublier certains secteurs qui souffrent plus que d’autres. Je pense particulièrement aux concerts.

Si la culture vous aide à vous sentir mieux au quotidien, rendez lui la pareille !

Comment pouvons-nous agir pour soutenir la culture ?

Pour aider la culture, il y a l’action politique. Mais vous pouvez aussi très bien agir à votre petit niveau en soutenant la culture avec ou sans argent. Voici quelques idées :

1- (Secteur du Livre) Commander en librairie indépendante et retourner en bibliothèque

Dans le domaine littéraire, je vous conseille de privilégier les librairies indépendantes. Ce sont des commerces locaux avec une économie plus fragile. Et puis rien ne vaut la qualité de conseil d’un libraire passionné.

Si vous n’avez pas les moyens de payer des livres, vous pouvez retourner en bibliothèque municipale et soutenir par le prêt le milieu de la littérature.

Ma librairie préférée à Lille est l’Affranchie et je fréquente la bibliothèque de ma commune, La Madeleine.

2- (Secteur du spectacle) Conserver sa place de spectacle annulée

Vous avez acheté des billets de théâtre, concert ou tout autre spectacle et la fermeture des lieux culturels a annulé ces événements. Avant de demander un remboursement, réfléchissez à l’option de laisser vos places.
Personnellement, c’est ce que j’ai fait pour certaines d’entre elles. Ce n’était jamais de grosses sommes et de toute façon, je les avais budgétisé avant l’annulation.

Bien sûr, si vous avez des difficultés financières ou que vous voulez récupérer de l’argent pour une autre activité culturelle, faites-le !

3- (Secteur de l’art) Acheter une œuvre

Il ne faut pas être millionnaire pour pouvoir acheter une œuvre d’art. De nombreux artistes locaux proposent des œuvres uniques à des prix raisonnables. Alors non, vous n’aurez pas un Picasso chez vous à 20€. Le but est de soutenir les artistes qui ne peuvent pas exposer et vendre leurs œuvres comme d’habitude.

Dans l’article sur les cadeaux culturels que je vous ai proposé récemment, je vous parlais du Collectif Renart qui propose des œuvres de street art à prix raisonnable.

4- (Tous secteurs) Soutenir les initiatives sur internet

De nombreuses initiatives spontanées sont apparues sur Internet depuis le mois de mars et le début du confinement. La créativité des milieux artistiques est débordante et vous pouvez parfaitement y contribuer sans mettre de l’argent.
Lorsqu’un événement culturel a lieu en ligne, comme un festival online ou une collecte de dons pour la création d’une œuvre, vous pouvez la relayer sur vos réseaux sociaux afin que les gens qui vous suivent puissent à leur tour soutenir cette action.

Vous l’aurez compris, la culture est toujours là pour nous et nous devons l’être pour elle.

Il faut repenser les moyens de communication culturelle pour ceux qui n’ont pas accès au numérique. Ouvrir le marché mondial à tous les artistes. Il faut également repenser le cadre du travail dans le milieu culturel, souvent trop précaire. Faire attention à ce que la liberté d’expression soit maintenue. 

 

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