Entretien avec Grégoire Ichou, ténor conférencier

Découvrez Grégoire Ichou, guide conférencier et ténor ! Il sublime les lieux culturels depuis plus de 5 ans avec des visites guidées chantées partout en France. Nous allons parler ici de son parcours personnel et professionnel et de tout ce qui anime ce passionné de musique et d’art.

👀 temps de lecture : 12 minutes

Ma première rencontre avec Grégoire Ichou a eu lieu lors d’une présentation en avant-première d’une visite chantée à la Piscine de Roubaix. Depuis lors, ce personnage atypique m’intrigue par son originalité et sa créativité. Je voulais l’inviter à répondre à quelques-unes de mes questions. Il a accepté volontiers alors je vous partage ci-dessous notre échange.

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©CD62

👋 Qui es-tu ? Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis chanteur lyrique (ténor) et guide conférencier.

🎓 Quelle est ta formation ?

J’ai étudié le chant lyrique au Conservatoire à rayonnement régional de Paris tout en suivant une licence de musicologie à la Sorbonne. J’ai ensuite été diplômé d’une licence professionnelle de guide conférencier. J’ai poursuivi mes études avec un Master d’Histoire de l’art à la Sorbonne et j’ai obtenu le diplôme de deuxième cycle de l’École du Louvre (parcours médiation).

Au milieu de tout ça, je suis parti quelques années à l’étranger faire un tour de l’Europe (Édimbourg, Valence, Florence et Vienne). J’ai appris ou me suis perfectionné dans les langues de ces pays. Je me suis imprégné des répertoires musicaux de chaque région.

J’ai réalisé ma première visite chantée en 2017, lors de l’exposition Rubens au Musée du Luxembourg à Paris. Depuis, je suis travaille comme indépendant avec de nombreuses institutions patrimoniales.

💓 Quelles sont tes passions et tes sources d’inspiration ?

En musique, j’ai des goûts très variés, aussi bien de la chanson française que du lyrique. Si je ne devais citer que trois noms, sans trop réfléchir : Francis Poulenc, Barbara et Anne Sylvestre.

Pour ce qui est des arts visuels, j’aurais du mal à donner mes préférences, mes goûts évoluent tout le temps et je suis incapable de choisir ou de classer ! Ce qui est sûr c’est que les musées sont des lieux dans lesquels je me sens particulièrement bien.

Ces derniers mois, j’ai beaucoup lu Jean-Luc Lagarce et Nathalie Sarraute. Un auteur et une autrice que j’adore.

En ce qui concerne le cinéma, je pense que mon film préféré est Les Enfants du paradis de Marcel Carné. À chaque fois que je le regarde, je suis émerveillé par ce concentré de beauté visuelle, textuelle, théâtrale et musicale.

Dans un autre domaine (mais qui d’une certaine manière réunit différentes formes artistiques, musique, arts visuels/vivants, comme mes visites chantées), j’admire beaucoup le travail de certaines drag queens, au premier rang desquelles Sasha Velour.

 

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©Thibault Prioul

🧑🏻 Comment es-tu devenu ténor conférencier ?

Ma vocation pour le chant lyrique est arrivée à l’âge de 10 ans. Je me suis passionné pour l’histoire de la musique et l’histoire de l’art au cours de mes études en musicologie. Assez naturellement, même s’il n’y a rien de « naturel » dans tout ça,  j’ai eu envie de transmettre ma passion.

J’ai écrit un mémoire sur le métier de guide conférencier dans lequel j’ai créé, sur le papier, ce qui allait devenir mon concept de « visite chantée ».

🚶🏻 Pourquoi as-tu choisi cette voie ?

J’ai choisi ce métier, qui n’existait pas, par envie personnelle. Il me fallait trouver un métier épanouissant, mais je n’arrivais pas à choisir entre la musique et l’histoire de l’art, la pratique artistique et la réflexion théorique, entre le chant lyrique et le métier de guide conférencier. Chaque voie avait des défauts pour moi :

  • Le chant lyrique me proposait surtout de la précarité et peu de liberté dans le choix des œuvres interprétées
  • Le métier de guide conférencier, tout aussi précaire, risquait, entre autres, de me frustrer par son caractère parfois répétitif

🕰️ Depuis combien de temps es-tu ténor conférencier ?

J’ai eu ma carte de guide conférencier en 2013, mais j’ai véritablement commencé mon métier de ténor conférencier en 2017, après l’École du Louvre. Jusque-là, j’avais déjà travaillé comme chanteur ou comme guide conférencier mais jamais les deux ensemble. Depuis, l’essentiel de mon activité professionnelle est lié à mes visites chantées.

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🎵 Comment crées-tu les visites chantées ?

J’effectue un gros travail de recherche pour concevoir une visite chantée. Je dois bien connaître les lieux, les œuvres, les artistes puis trouver des morceaux qui puissent tisser des liens pertinents. Pour cela, je me rends principalement à la BnF à Paris. Je sélectionne des morceaux dont je fais enregistrer les accompagnements par des instrumentistes auxquels je donne des consignes très détaillées. Je dois également prendre en compte différentes acoustiques dans lesquelles je serai amené à chanter. S’agissant de ces morceaux, au-delà de tout le contenu théorique, il faut que je m’entraîne un nombre incalculable de fois à les chanter sur les accompagnements enregistrés pour les connaître parfaitement et retrouver un semblant de liberté.

Pendant la visite, je me balade avec une enceinte dans un sac que je porte avec moi de pièce en pièce. Je donne des informations tel un guide conférencier et j’illustre mes propos par le chant. Je passe de l’un à l’autre tout au long de la visite.

🌟 Quelles sont tes plus beaux souvenirs en tant que guide conférencier et ténor ?

J’ai 3 souvenirs qui me viennent à l’esprit aujourd’hui :

  1. Ma première visite chantée au Musée du Luxembourg à Paris pour l’exposition Rubens en 2017. J’étais impressionnée de pouvoir faire ce que j’aime dans ce lieu et devant les œuvres d’un si grand artiste. Et puis, c’était la première fois que je testais en vrai mon concept.
  2. Je garde un souvenir ému de ma prestation au Panthéon : jouer dans ce lieu immense et si chargé symboliquement, lancer moi-même le célèbre pendule de Foucault…
  3. En 2021, j’ai participé à la Nuit des Musées à La Piscine de Roubaix et j’ai reçu un magnifique retour d’une dame et de sa petite fille qui n’avaient jamais entendu de chanteur lyrique et étaient très émues. Ça m’a beaucoup touché.

💼 Où souhaiterais-tu travailler ?

Je voudrais travailler dans plein de lieux ! Pour n’en citer que quelques-uns qui me viennent en tête : le Musée d’Orsay, l’Opéra Comique à Paris, et dans la région Hauts-de-France où je vis, le Louvre-Lens, le Familistère de Guise ou encore l’Opéra de Lille. Par ailleurs, j’adorerais créer une visite chantée pour une bibliothèque, par exemple celle de l’Institut National d’Histoire de l’Art.

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©leviet.org

👍 Quels conseils donnerais-tu à des débutant.es, passionné.es comme toi ?

Je leur dirais de s’écouter, d’essayer de cerner ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas professionnellement, et, pourquoi pas, de créer leur propre métier. Pour y arriver, il faut beaucoup travailler, trouver l’équilibre complexe entre la prise en compte de ses aspirations et de la réalité et de ses contraintes. Et surtout, être curieux !

🧭 Est-ce que tu veux faire ça toute ta vie ?

Quelle question angoissante ! « Toute ma vie » ? Je suis incapable de savoir choisir ce que je veux commander au restaurant alors savoir ce que je veux faire toute ma vie… Plus sérieusement, j’ai envie de continuer, car ça me passionne : j’apprends, je découvre, je chante, je rencontre des gens. Je ne m’empêche pas de diversifier mes activités avec des concerts « purs » (c’est-à-dire, où j’abandonne ma casquette de conférencier) ou des conférences musicales. J’ai envie de tester, continuer à surprendre les publics et peut-être à me surprendre moi-même en proposant encore d’autres formes de médiations et de performances musicales. Je suis actuellement en train de concrétiser un projet de spectacle musical, qui me tient beaucoup à cœur, avec le harpiste Vincent Buffin.

🔗 Où peut-on te retrouver ?

Sur les réseaux sociaux :

Et sur le site Internet : https://gregoireichou.com/

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🗃️ On résume

Si on devait résumer Grégoire Ichou, je dirais que c’est une personne qui porte la passion de la culture. Il a franchi naturellement des barrières qui le freinait dans son épanouissement pour devenir un professionnel hors du commun. Grégoire est un modèle pour toutes les personnes qui ne se retrouvent pas dans leur métier, qu’il soit ou non culturel. Il invite tout le monde à réfléchir posément sur ce qu’on a envie de faire de notre vie et de ce qu’on veut apporter aux autres.

Un artiste indépendant qui a créé son métier

Grégoire Ichou a su trouver sa “voix” en tant qu’artiste qui a besoin de partager ses connaissances au public. Il a construit seul, après des années de travail et de réflexion, un métier qui lui ressemble mais qui apporte aussi un petit plus à son audience.

Un passionné qui cherche le plaisir du partage

Car ce n’est pas uniquement pour le plaisir de chanter devant un public que Grégoire est devenu ténor conférencier. Sinon, le chant lyrique aurait suffit. Sa curiosité et sa passion pour plusieurs formes d’art l’ont poussé à dépasser les attentes habituelles sur ce genre de métier.

 

Les prochaines rencontres avec Grégoire Ichou sont à retrouver sur son site Internet, en attendant, je vous laisse avec une vidéo de sa visite chantée au Théâtre du Châtelet à Paris :

 

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👩‍🌾 Cultivez-vous bien !

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