Des plans-reliefs restaurés au Palais des Beaux Arts de Lille

Le Palais des Beaux Arts de Lille possède une particularité unique pour un musée de province. Il conserve 15 plans-reliefs représentant en modèle réduit des principales villes de l’Europe du Nord au XVIIème siècle. Une collection exceptionnelle qui a subit une restauration pendant plusieurs mois et qui rouvre enfin au public ce week-end.

Les plans-reliefs, à première vue, ça paraît un peu vieillot. D’ailleurs, la série qui se trouve à Lille prend beaucoup de place et se retrouve au sous-sol du Palais des Beaux Arts. Je suis ravie de constater que la campagne de restauration a mis en avant cette collection que je trouve fascinante. Ayant fait un peu de topographie dans mes études antérieures et étant passionnée d’Histoire, je suis naturellement ébahie par ces grands plateaux réalistes. Et j’ai appris des histoires incroyables à leur propos !

 

L’Histoire des plans-reliefs 

C’est Louis XIV, notre cher roi Soleil, qui une fois avoir conquis les Flandres hollandaises a demandé à ce que des plans en relief soient fabriqués. Et c’est Louvois, alors ministre de la guerre, qui les commanda. En effet, l’objectif de ces plans des villes conquises n’était autre que militaire. Ils permettaient aux stratèges militaires d’imaginer leur plan d’action en vision aérienne et en 3D. C’est beaucoup mieux qu’une carte, mais c’est aussi beaucoup plus onéreux.

Tandis que l’époque voit la construction de citadelles imaginées par Vauban, ce dernier trouve que ces plans ont un coût beaucoup trop élevés et que l’argent serviraient bien mieux à la défense matérielle du royaume. On sait Vauban très préoccupé par les dépenses inutiles. Mais les plans se multiplient malgré ses remarques.

Utiles ou non, ces plans-reliefs partent en désuétude à peine un siècle plus tard. Au fil du temps, les plans changent d’emplacement, sont confisqués par les Prussiens et finissent par se retrouver dans le grenier des Invalides à Paris, à prendre la poussière.

La « guerre des plans reliefs »

Les plans sont donc à Paris, et Pierre Mauroy, maire de Lille, alors au gouvernement français dans les années 1980, décide de récupérer les plans de sa région et des villes belges pour les rapatrier dans le Nord. Sauf que le gouvernement change entre temps et qu’on lui demande expressément de les ramener à Paris. Une lutte politique entre en jeu mettant en fond la question de la décentralisation. On parle de « hold-up » et de « bataille des Invalides » dans les journaux. Finalement, les plans restent à Lille et une aile leur est spécialement construite à l’occasion de la rénovation du musée en 1997.

A quoi ressemblent les plans-reliefs ?

A vrai dire, si l’on décrit simplement les plans-reliefs, ils ne paraissent pas très originaux. Il s’agit de reconstitutions en miniature des grandes villes fortifiées du Nord-Pas-de-Calais et de la Belgique. Sauf que si l’on observe bien, on constate que c’est bien plus que cela.

Les plans-reliefs sont d’une minutie incroyable ! On y retrouve tous les bâtiments de l’époque, de la simple maisonnette à l’église ou au Beffroi. C’est assez impressionnant de réalisme et on ne peut s’empêcher d’essayer de retrouver ce que l’on connaît aujourd’hui. Cela nous fait prendre conscience également que les cités d’antan ont bien changé et que les guerres du XXème siècle sont passées par là pour redessiner notre urbanisme.

Enfin, les plans-reliefs sont immenses. Certains font plus de 40m² ! On ne s’en rend pas forcément compte tout de suite mais cela montre l’envergure de la puissance militaire de la France au XVIIème siècle.

 

La restauration des plans-reliefs

Plusieurs mois ont été nécessaires à la restauration des plans-reliefs. Il a fallu réparer et nettoyer des m² de plans. Et en effet, on voit bien la différence. Les couleurs sont beaucoup plus éclatantes qu’auparavant.

Un des plans, celui de Calais, n’a pas été remonté. On voit ainsi comment sont assemblés les plans et de quoi ils sont fait.

Cependant, rien ne change fondamentalement dans la présentation des plans-reliefs. Ils sont toujours au sous-sol, toujours derrières des vitrines immenses. Seuls quelques éléments muséographiques ont été ajoutés : un écran tactile, une vitrine matériauthèque très éclairante et de la réalité virtuelle, que je n’ai pas pris le temps de tester. Des marches-pied ont également été mis à disposition pour les enfants.

Je pense qu’il aurait fallu plus de dispositifs pour pouvoir apprécier les détails des plans-reliefs. Dans ce cadre, nous sommes trop loin pour les apprécier réellement. Mais une telle installation doit coûter cher et ce n’est sûrement pas possible après une restauration déjà onéreuse.

Les plans-reliefs ont tout de même pris du grade et cela me fait plaisir de voir l’engouement autour de ces objets longtemps délaissés par le public dans le musée.

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