La Cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille à Lille

Je suis persuadée que vous aussi vous avez été surpris lorsque vous avez découvert la cathédrale de Lille pour la première fois. Si vous vous posez encore des questions sur la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille, voyons ensemble quelle fut son histoire et quels secrets elle recèlent.

Oui, je vais littéralement me prendre pour Stéphane Bern dans cet article ! Car la cathédrale de Lille est un drama à elle seule. Construite avec ambition, elle a progressivement été complètement délaissée jusqu’à un revival final. Il a fallu 150 ans pour la terminer. Je vous raconte aujourd’hui cette formidable aventure !

L’Histoire tourmentée de la cathédrale de Lille

Tous les Lillois qui passent chaque jour devant la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille n’y prêtent plus trop attention. Mais souvenez-vous de la première fois que vous l’avez vue. N’avez-vous pas été surpris par l’architecture de cette cathédrale ? N’est-ce pas étrange d’avoir une façade moderne dans le quartier ancien qu’est le Vieux-Lille ? Et pourquoi l’architecture est si différente entre la nef et la façade ? Je vous explique ci-dessous l’histoire tourmentée de la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille à Lille.

Pourquoi une cathédrale à Lille ?

Saviez-vous que Lille n’a pas toujours été un diocèse indépendant. Ce n’est qu’au XXe siècle que Lille se sépare progressivement du grand diocèse ancestral de Cambrai. N’oublions pas que Lille n’est pas une ville puissante dans la région depuis très longtemps. Douai, Arras et Cambrai ont joué des rôles plus importants pendant de nombreux siècles. 

C’est au milieu du XIXe siècle que Charles Kolb-Bernard et son cousin l’abbé Charles Bernard décident de faire de Lille une capitale religieuse dans la région des Flandres. Pour cela, ils ont besoin d’un point d’ancrage qui sera reconnu par le pape. Il leur faut donc une cathédrale à la mesure de leur futur diocèse. De là naît l’idée de la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille.

Pourquoi la nommer Notre-Dame-de-la-Treille ? C’était en fait une évidence à Lille. Depuis le XIIIe siècle, les habitants de la ville vouent un culte à une statue de la Vierge Marie portant l’enfant Jésus. Cette statue reposait dans la Collégiale Saint-Pierre détruite pendant la Révolution Française. On lui prête d’ailleurs de nombreux miracles. Depuis, les croyants pouvaient l’apercevoir dans une petite chapelle de l’église Sainte-Catherine. Mais il lui fallait un écrin à la hauteur de la dévotion qui lui est accordée.

Les premières années de construction

Charles Kolb-Bernard et Charles Bernard vont se battre pour la construction de cette nouvelle cathédrale pour Lille. Pour cela, ils commencent par obtenir le soutien de la bourgeoisie locale et exposent immédiatement leurs idées d’une cathédrale . Cette commission achète en 1853 un terrain dans le Vieux-Lille correspondant à l’ancienne motte castrale de Lille.

Après avoir posé symboliquement une première pierre en 1854, un concours architectural est organisé. A l’époque on veut du néo-gothique. On veut en fait que la cathédrale ressemble à une cathédrale du XIIIe siècle. Ce sont des britanniques anglicans qui remportent le concours. Mais la commission refuse de leur laisser la construction et choisissent finalement l’architecte lillois Charles Leroy qui avait reçu la 4e place.

C’est donc avec un budget estimé à 4,5 millions de francs et des commissionnaires peu convaincus par son idée que Charles Leroy se lance dans le projet de construction de la future cathédrale de Lille. Les premiers travaux sont tout de suite mis en difficulté par la présence d’un sol humide qui oblige à creuser en profondeur. Durant les décennies qui vont suivre, le chantier sera fortement ralenti par les moyens supplémentaires nécessaires et le manque d’argent pour construire la cathédrale tant espérée. En 1870, le chantier s’arrête.

L’arrêt des travaux

La commission qui suit la construction de la cathédrale souhaite changer d’architecte mais Charles Leroy refuse et intente un procès. De plus, à la même époque, la bourgeoisie lilloise priorise la construction de l’Université Catholique Lilloise et met en veille le chantier de la cathédrale de Lille.

Les travaux ne reprennent qu’en 1889 avec l’architecte Paul Vilain. Les travaux sont financés pour la grande majorité par Camille Féron-Vrau. Après sa mort en 1908 et l’arrivée de la Première Guerre Mondiale, les travaux ralentissent à nouveau.

Dans les années 1930, la société anonyme de la construction de la cathédrale, lourdement endettée, est rachetée par l’association diocésaine. Les travaux reprennent mais sont vite ralentis par la mobilisation et la Seconde Guerre Mondiale. En 1947, on décide de poser une façade en brique et en bois temporaire qui met un terme aux travaux. C’est la fin de la conception architecturale première d’une façade ouvragée avec deux tours.

“monumental pastiche gothique, sans intérêt architectural, resté inachevé” Guide Bleu, 1966.

Entre-temps, Lille obtient le statut de diocèse en 1913 et Notre-Dame-de-la-Treille devient officiellement cathédrale. Mais ce n’est qu’en 2008 que Lille devient enfin un archevêché qui a autorité également sur les diocèses d’Arras et Cambrai.

La reprise et les choix architecturaux 

De nombreux choix architecturaux d’origine sont abandonnés au fil du temps. La cathédrale est mésaimée de tous. Elle ne ressemble littéralement à rien, elle n’a pas de style et fait office de grosse verrue dans un quartier qu’on est en train de réhabiliter dans les années 1970. Certains proposent même de la raser ou de construire un immeuble de bureaux en façade de la cathédrale ! Heureusement, ces deux projets extrêmes n’auront pas lieu.

Un concours est organisé par le diocèse en 1994 pour la réalisation de la façade définitive de la cathédrale. Le concours est remporté par Georges Jeanclos et cinq ans plus tard, la façade moderne est inaugurée. En 2009, la cathédrale retrouve ses lettres de noblesse avec son inscription au titre des monuments historiques. Tout est bien qui finit bien…

La Cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille aujourd’hui

Je ne vais pas m’attarder trop en profondeur sur l’architecture actuelle de la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille à Lille. Vous trouverez des articles bien plus détaillés et documentés que le mien. Mais je vais quand même m’intéresser à 3 éléments centraux de la cathédrale lilloise.

La façade de la cathédrale

La façade de Notre-Dame-de-la-Treille fascine et dérange. Contrairement au reste du monument, elle est résolument moderne. Il s’agit d’une pierre de Soignies de 30 mètres agrafée sur une structure métallique. Elle apparaît comme complètement indépendante du reste du bâtiment avec ses plaques de marbres blanc à l’extérieur et orange à l’intérieur de quelques dizaines de millimètres d’épaisseur. Ces panneaux de marbre translucides font désormais toute l’identité de la cathédrale de Lille. Quand on se place à l’intérieur de la nef, on voit les veines rouges du marbre en contre-jour.

Un vitrail se situe au milieu de l’arc central. Il a été dessiné par Ladislas Kijno. On y reconnaît les thèmes de la Passion et de la Résurrection avec le visage du Christ, la croix, une colombe…mais aussi un cosmonaute et des ovnis… A l’extérieur, la rosace montre entre autres la statue de Notre-Dame de la Treille, l’agneau pascal ou encore la forme E=mc², l’hôtel de ville de Lille.

Le portail monumental a été réalisé en verre et en bronze par Georges Jeanclos. On y retrouve le thème de la treille. Sur le pilier central se trouve une Vierge qui ouvre les mains.

La nef

L’intérieur de la cathédrale est constitué du transept en forme de croix latine de 110 mètres de long sur 54 mètres de large.  On y trouve une architecture assez sobre et classique aux grandes cathédrales de France. L’architecture devait être digne des grandes bâtisses du Moyen-Age et c’est un peu ce que l’on ressent quand on pénètre dans la cathédrale.

Les chapelles

Le chœur dessert les sept chapelles rayonnantes dont les plus grandioses sont :

  • La Chapelle Saint-Joseph
  • La Chapelle Jeanne D’Arc
  • La Sainte Chapelle qui contient la statue de Notre-Dame-de-la-Treille

On trouve également un crypte dans la cathédrale qui renferme aujourd’hui le Centre d’art sacré de Lille que je n’ai pas pu visiter car il est fermé en ce moment. Autre particularité de ce bâtiment, les cloches de la cathédrale se trouvent dans le campanile Saint-Nicolas construit à la hâte en 1874 et qui ne devait être que provisoire.

Vous l’avez compris, la cathédrale de Lille n’est pas une cathédrale comme les autres. Elle n’est certes pas très attrayante à première vue. Mais elle a vécu de nombreux rebondissements dans son histoire qui en font un lieu unique. Le Parvis de la Treille est aujourd’hui un grand lieu de rassemblement et de vie pour les jeunes lillois. La Treille est désormais un emblème de la ville de Lille, tout autant que ses beffrois.

J’espère que cet article patrimonial vous a appris de nombreuses anecdotes sur la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille ou vous donnera envie de la visiter.

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