Le noir peut faire peur, mais ce n’est pas du tout le sentiment dominant de l’exposition « Soleils Noirs » visible jusqu’au 25 janvier 2021 au Louvre-Lens. Le musée propose aux visiteurs de découvrir toute la symbolique autour de cette nuance à travers l’art et les âges. Je vous emmène ainsi au plus profond de l’obscurité artistique.
Au centre de cette exposition temporaire au Louvre-Lens, vous l’aurez compris : le Noir. Au fil du temps, cette nuance a eu des significations différentes que l’on retrouve dans les œuvres des artistes de tout temps et de toutes civilisations. Souvent associé dans notre culture occidentale au deuil et aux ténèbres, le noir était pour certains source de curiosité et de beauté.
Sommaire
Après une présentation de l’exposition, vous retrouverez mon avis personnel en fin d’article.
La nuit noire
La première approche souhaitée par l’exposition est de nous plonger d’emblée dans la nuit noire. La nuit dans la peinture est un véritable tour de force et un jeu d’expériences pour les artistes. Comment représenter la « non-couleur », l’obscurité ? Il ne faut pas oublier également que la nuit était beaucoup plus prégnante au quotidien pour nos ancêtres. Les nuits n’étaient alors pas éclairées comme maintenant et étaient vecteurs de beaucoup de mystères. Les peintres cherchaient par la représentation de la nuit à transmettre des émotions et à envoûter le public.
Le noir sacré
Le noir est depuis l’Antiquité la couleur des enfers et de la tempête intérieure. Il fut de tout temps la nuance principale pour représenter les ténèbres sacrés. On retrouve cette nuance obscure dans les vanités et passions mais aussi dans le clair-obscur qui dramatise des scènes courantes. Le noir est bien indissociable de la mort et de la tristesse. Il symbolise la fin du temps terrestre.
Le noir va prendre au cours des siècles une toute autre signification. Il est alors très difficile d’obtenir un noir profond sur la toile. Alors, se faire tirer le portrait par un artiste avec des étoffes d’un sombre pur est un signe de richesse. Alors que le noir évoquait la faute pour le catholicisme, il prend un autre sens avec les sociétés protestantes qui en font une teinte moderne et pure. On retrouve le noir dans les grandes collections de couturiers modernes qui finissent d’en faire une nuance élégante et chic. A contrario, certains artistes choisissent le noir pour représenter la réalité de la société industrielle naissante et la pauvreté qu’elle engendre dans les couches défavorisées de la population.
Le noir du charbon
On ne peut évoquer le noir sans parler de l’exploitation du charbon qui fut présente dans le bassin minier de Lens et du Nord-Pas-de-Calais. Le noir du charbon qui recouvre les visages des mineurs marquent l’imaginaire collectif de la région, ce sont les « gueules noires ». On retrouve alors des clichés d’époques passées et des œuvres plus contemporaines faisant écho à cette matière noire et ses conséquences dans la société de consommation.
Le noir absolu
Au XXe siècle, les artistes contemporains souhaitent magnifier et exploiter plus profondément le noir. Cette teinte, toujours si difficile à atteindre à la perfection, devient le support de nombreux monochromes. Le noir est alors présent sur tous les supports artistiques : peinture, gravure, sculpture, cinéma, etc. Le noir devient le symbole de l’abstraction.
Mon avis sur l’exposition au Louvre-Lens
Points positifs :
- Comme toutes les expositions du Louvre-Lens, les moyens sont mis en oeuvre pour créer une muséographie efficace et originale. Il exploite un thème sur des époques et des styles artistiques transversaux et présente les œuvres dans des espaces distincts et aérés pour une meilleure visibilité.
- L’exposition est très riche, avec plus de 180 œuvres. On remarque ici toute la puissance du Louvre qui peut proposer des expositions de grande qualité avec des œuvres de Vélasquez, Delacroix, Redon, Courbet, Manet, Kandinsky, Matisse, Malevitch et Soulages.
Points négatifs :
- Certains m’ont dit que l’exposition « Soleils Noirs » était un peu trop « intellectuelle ». J’avais en effet déjà remarqué que les expositions font appel à une culture général assez poussée. Une méconnaissance des mythe et des histoires religieuses n’empêche pas le plaisir de l’exposition mais restreint néanmoins la compréhension malgré les nombreux cartel.
- L’évocation de la couleur noir dans les autres civilisations mondiales est peu évoquée. Mais l’exposition est déjà grande et j’imagine que cet aspect prendrait une bonne partie du discours. Disons que j’ai trouvé l’exposition un peu trop centré sur l’Occident.
Informations pratiques
- L’exposition aura lieu jusqu’au 25 janvier 2021 aux tarifs de 5 à 10€. Des visites guidées sont également proposées.
- Prévoyez 1h à 2h de visite selon vos vitesse de traversée et le temps que vous mettrez à lire l’ensemble des cartels explicatifs
- Vous n’avez pas besoin de réserver vos billets pour visiter l’exposition mais un quota est défini à l’entrée pour respecter les mesures sanitaires liées au covid-19.
- N’oubliez pas non plus de vous munir d’un masque et de bien le porter du nez jusqu’au menton tant que vous êtes présent dans les salles du musées.
Vous pouvez profiter de votre présence au Louvre Lens pour (re)découvrir la Galerie du Temps, aménagée pour l’occasion avec un parcours un peu différent pour éviter les mouvements du public. L’intérêt de la Galerie est un malheureusement peu perdu mais reste toujours intéressante d’un point de vue muséal et elle est toujours gratuite.
Si vous voulez en savoir plus sur le musée du Louvre-Lens, n’hésitez pas à lire ou relire mon article sur ce lieu. S’il fait beau, faites un tour dans le parc ou rendez-vous dans le centre de la ville de Lens pour découvrir l’architecture Art Déco.
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