Je vous invite à ouvrir les portes d’un musée méconnu d’Amsterdam : le Tropenmuseum. Ce musée d’ethnographie saura vous séduire par sa présentation moderne d’objets non-européens. Mais c’est quoi exactement un objet non-européen ?…
Je vais commencer cet article par un petit disclaimer. Pourquoi ai-je visité le Tropenmuseum que si peu de gens connaissent ? Non je ne suis pas plus maligne qu’un autre touriste. J’ai simplement une attirance pour les musées ethnographiques. Lors de mon master en Métiers de la Culture à Lille, j’ai fait mon mémoire sur la façon dont les Occidentaux présentent les objets non-européens. Par objets non-européens on entend tous les objets n’appartenant pas à une culture occidentale. Ce sont souvent des objets que l’on présente comme de l’art, alors que la fonction initiale était souvent religieuse et la réalisation artisanale. J’ai donc analysé et questionné cette façon que l’on a de voir de l’art partout, même dans les objets qui ne le sont pas à l’origine.
Sur ce petit aparté, voici mon expérience de visite du Tropenmuseum à Amsterdam forcément plus acérée.
Pourquoi le Tropenmuseum aux Pays-Bas ?
On comprend mieux la présence du Tropenmuseum (ou Musée Tropical) aux Pays-Bas en observant l’histoire coloniale du pays. Ce musée ethnographique présente des objets non-européens issus des anciennes colonies néerlandaises et de collectionneurs du XIXe siècle. On y explique la culture des pays non occidentaux.
Brève histoire de la colonisation néerlandaise
La colonisation néerlandaise date du XVIe siècle avec la Compagnie des Indes. D’abord appartenant à des société privées, les terres coloniales passent sous la main de l’Etat après les guerres napoléoniennes. Cependant, les Pays-Bas ont toujours vu leurs colonies comme des possessions avant tout commerciales . Les Pays-Bas ont principalement été présents en Indonésie.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les Japonais prennent possession des terres néerlandaises d’Asie du Sud-Est. Après le conflit, la crédibilité des colonisateurs est ébranlée et la décolonisation est rapide. Tellement rapide que la colonisation s’efface peu à peu de la mémoire collective des Néerlandais. Le Tropenmuseum est aussi là pour rappeler cette partie de l’histoire des Pays-Bas.
Création du musée et remise en question du colonialisme
Le musée a vu le jour en tant que Musée Colonial en 1864 à Haarlem. Il est dès lors principalement constitué des objets issues de la colonisation néerlandaise et occidentale souvent volés ou achetés à bas prix. On expose l’art non-européen, des civilisation dites « primitives », qui ont des coutumes barbares et qui fascinent la population.
En 1910, le musée est déplacé à Amsterdam et prend le nom de Tropenmuseum (Musée Tropical) après 1949. On est alors en pleine période de décolonisation. Dans les années 1970, le musée est restauré et la muséographie est retravaillée. Le musée d’oriente vers une signification plus moderne des objets non-européens et des effets de la colonisation sur les populations d’Afrique, d’Asie et d’Amérique.
C’est donc un musée avec des idées modernes que vous découvrez lorsque vous pénétrez dans le Tropenmuseum. Un lieu culturel souvent oublié et négligé par les habitants d’Amsterdam ou les touristes.
Comment se déroule la visite du Tropenmuseum d’Amsterdam
Le Tropenmuseum se trouve dans un ancien bâtiment très bien conservé. Lorsque vous arrivez dans l’immense partie centrale, vous découvrez les différents étages des collections avant de monter l’escalier central et poursuivre les visites.
La visite du musée commence au 2e étage où les collections permanentes sont présentées par continents : Amérique du Sud, Afrique puis Asie. Au 1er étage se trouve la partie sur les Antilles.
De nombreuses petites expositions permanentes ou temporaires sont présentes dans le musée. Elles questionnent les cultures entre elles et mettent en avant les outils numériques et modernes. L’objectif affiché est que l’on ait vraiment l’impression de voyager et de rencontrer les cultures autochtones.
Mon avis sur la visite du Tropenmuseum
Ce que j’ai aimé :
- Le point de vue anticolonialiste d’un musée ethnographique est essentiel pour moi et le Tropenmuseum le respecte totalement.
- Le choix des objets est incroyable. La collection est d’une richesse méticuleuse et la muséographie met très bien en valeur tout cela.
- Le musée est moderne, il n’hésite pas à faire se confronter les cultures et les époques.
- Les objets non-européens sont avant tout présentés dans leur utilisation d’origine. Cela signifie qu’on ne magnifie pas des objets qui à l’origine tendent plus vers l’artisanat (souvent religieux) que vers l’objet d’art.
- La présentation à la fin du travail de restauration et de conservation en direct de plusieurs objets des collections.
- Le lieu est quant à lui époustouflant, un véritable temple culturel !
En termes simples, l’identité est la réponse à la question « qui suis-je et qui est l’autre ? » […] Après tout, les gens peuvent s’identifier à différents aspects de leur identité – genre, sexualité, religion – en adoptant des rôles différents selon la situation. Lorsqu’une culture change, cela affecte les gens et la façon dont ils se comportent et se présentent. C’est particulièrement vrai dans le monde d’aujourd’hui, où il y a tant de contacts et d’influences d’ailleurs ».
Ce que j’ai moins aimé :
- Les horaires, le musée a une amplitude d’ouverture vraiment faible et quand on visite Amsterdam pour quelques jours seulement, on privilégie les grands sites touristiques et pas les musées “secondaires” comme ici le Tropenmuseum.
Bref, vous l’aurez compris, j’ai adoré ce musée ! Il y a même un espace dédié aux enfants, ce que je trouve très judicieux. En effet, je trouve cela génial que les enfants aillent au musée mais souvent, ils courent partout, font beaucoup de bruits et m’empêche de me concentrer sur les œuvres. Là, une approche pédagogique leur est spécialement consacrée avec des visites adaptées à leurs connaissances.
Informations pratiques
Pour le moment, le musée est fermé à cause du coronavirus mais en temps normaux, voici les informations pratiques de visite du Tropenmuseum :
- Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 17h
- Tarifs de 9€ à 16€
Le site internet du musée est disponible en anglais : www.tropenmuseum.nl
Vous pouvez y retrouver toutes les informations pour réserver votre billet.
J’espère que cet article vous a donné envie de visiter ce musée méconnu et mésestimé d’Amsterdam. Pour savoir quoi visiter autour du Tropenmuseum, vous pouvez également lire mon article sur ma visite d’Amsterdam pendant un week-end.
Vous pouvez retrouver tous mes articles sur cette thématique dans la catégorie MUSÉES du blog.
Je ne le connaissais pas du tout! J’ai fais les attractions principales d’Amstersam quand j’y suis allée (Rijksmuseum, maison Anne Franck, musée Van Gogh…) mais tu me donnes envie d’aller découvrir ce musée ! 😀
Ah merci, c’est exactement pour cela que j’ai écrit cet article ! 🙂