Jeudi soir à La Rose des Vents, j’ai vécu un nouveau marathon théâtral. Près de 4h de représentations pour le spectacle hors norme de David Bobée, « Peer Gynt« . Une pièce inspiré de l’ouvrage d’Henrik Ibsen qui nous emporte dans les pérégrinations d’un jeune vaurien.
Je commence à avoir l’habitude de fréquenter les salles de spectacle et j’essaie de me placer au mieux pour apprécier comme il se doit la pièce que je vais voir. Pour « Peer Gynt », j’avais cru comprendre que la scénographie et les décors étaient grandioses. Du coup, je ne me suis assise au milieu de la salle, pour surplomber le plateau.
Tout commence dans le noir complet. On distingue petit à petit des formes, une caravane, un morceau de grande roue à l’abandon, et la musique joué par un artiste sur scène qui commence et qui présente les premiers personnages : la mère et Peer Gynt.
On comprends rapidement que Peer Gynt est un « sale gosse », un vaurien qui ne fait que s’attirer des ennuis et qui ment éhontément. Il s’imagine avoir un avenir glorieux mais pour le moment il vit dans une communauté rurale et miteuse.
Puis, la scène s’élargit. On découvre alors un espace incroyable avec un manège à l’abandon, de la terre sur toute la surface du plateau et surtout une immense tête de clown posée au fond, bouche grande ouverte, prête à avaler tous les protagonistes.
« Peer Gynt » c’est l’histoire d’un pauvre type qui rêve d’aller plus loin, mais qui n’est pas du tout honnête, avec les autres et avec lui-même. Inconstant, infidèle, dévergondé, il parcours le monde et tente de le conquérir mais il ne fait qu’échouer. Après s’être enfui avec la mariée d’un de ses confrères, il croise la route du roi des trolls mais s’échappe face aux responsabilités qu’on lui donne. Il vit un temps avec son amour, Solweig, mais la quitte encore et part faire commerce. D’échecs en échecs il finit par revenir aux origines, vieux et fatigué. Il conclue une épopée à la recherche de « soi », de qui il est vraiment, à travers les mensonges et les trahisons, les rêves insensés et l’amour qu’il porte à sa mère et aux femmes.
Accrochez-vous si vous voulez découvrir « Peer Gynt » de David Bobée. C’est avec une énergie folle qu’il met en scène ce texte énigmatique d’Henrik Ibsen. C’est long et fatiguant, mais on en ressort avec les yeux qui pétillent devant un esthétisme d’une grande finesse et d’une précision incroyable, devant une technique son (en live) et lumière aboutie, et avec des comédiens époustouflants.
J’ai eu un véritable coup de cœur pour trois comédiens sur scène :
- Radouan Leflahi incarne Peer Gynt. Il est présent presque tout le long de la représentation et exprime à la perfection l’excitation constante du personnage, sa psychologie tourmentée et sa malice. C’est un comédien très jeune mais qui est vraiment prometteur.
- Jérôme Bidaux joue sur scène la conscience, le diable de Peer Gynt. Sa présence sur scène est juste fabuleuse. Il rythme la pièce et devient l’élément clé de la réflexion de Peer Gynt.
- Catherine Dewitt est la mère de Peer Gynt. Elle est tout simplement incroyable sur scène. On a presque l’impression qu’elle ne joue pas tant elle est imprégnée des sentiments de son personnage.
En conclusion, Peer Gynt est une expérience à vivre, mais si possible sans avoir plusieurs heures de sommeil de retard.
Pour plus d’informations :
- Découvrez les productions de David Bobée sur le site internet du CDN de Normandie dont il est le directeur.
- Les prochaines dates de la tournée se trouvent sur la fiche descriptive de « Peer Gynt »
Copyright des photographies © Arnaud Bertereau
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