Ce n’est pas facile d’écrire quelques lignes pour décrire cet album, le dernier album de David Bowie, et cette fois-ci malheureusement pour de bon…
Je me sens obligée de vous refaire un topo sur ma passion pour ce grand personnage. Je crois que j’ai commencé à écouter David Bowie lorsque j’avais 10 ans. Ses disques n’ont cessé de m’accompagner dans mon apprentissage musical mais aussi dans ma vie personnelle. L’art de Bowie (musique, mode, art plastique, techniques personnelles d’écriture…) est devenu au fil du temps de plus en plus précieux à mes yeux. Je commençais à idolâtrer cet individu qui représentait pour moi l’absolu de l’artiste.
Alors, à l’annonce de sa mort en 2016, j’ai forcément été très touchée, plus que je ne l’aurais imaginé. Est-ce parce qu’une peur m’a envahie ? Connaîtrais-je encore ce frisson avec un autre artiste ? Je ressentais un manque immense m’envahir et puis j’ai compris. J’avais de la chance ! La chance d’avoir écouté une oeuvre riche et pleine de valeurs humanistes. La chance d’avoir pu connaître des gens avec qui partager mes idées. La chance de pouvoir aujourd’hui lui rendre hommage par la critique de son album « testament », ce cadeau qu’il s’est offert pour ses derniers jours, et pour nous.
Something happened on the day he died
- Blackstar
J’attendais ce titre énigmatique depuis longtemps. Je voulais que David Bowie se mette à nous surprendre à nouveau. Je vois ce morceau comme un triptyque religieux. La première et la dernière partie forment les battants et présentent la situation, le lieu (la villa d’Ormen) et les personnages (les femmes qui pleurent et un personnage qui regarde) présent autour de la scène principale. Cette scène centrale forme une sorte d’élévation, le rythme et la musique change, les tons sont plus mélodieux et tendent vers des hauteurs. Et en effet quelque chose s’est passé ! C’est l’apparition de l’Etoile Noire (pas celle de Star Wars hein, quoique…) qui transcende le désastre qui l’a entouré. Mais la situation est là et on revient à la fin aux notes dramatiques.
C’est sûr, ce morceau a une tonalité très testamentaire. Comme l’est Lazarus, mais on en reparlera après. Ce qu’on peut dire, c’est que les paroles touchent forcément l’artiste, qui est entouré par le désastre de sa fin toute proche et qui fait le bilan de sa vie. Il sait qu’il part avec honneur et peut se prétendre être une star, mais pas n’importe laquelle, une star transcendantale qui se prévaut d’une certaine originalité.
Man, she pushed me like a dude
- ‘Tis a pity she was a whore
On passe à un sujet plus léger. Je vois dans ce titre un petit plaisir jazzy, tendancieux et très nineties. La voix évoque en effet cette période Let’s Dance, China girl, et un entourage musical d’exception avec des envolés de cuivres qui nous transpercent. Bowie s’éclate et nous avec !
Everybody knows me now
- Lazarus
Ce morceau est vraiment mon coup de cœur de l’album. Il fera parti de mes titres favoris de David Bowie. Pourquoi ? Parce que cette mélodie dramatique communique des sentiments d’espoir très fort. Il est évident qu’ici Bowie parle de sa propre mort et de ce qu’il laissera après. Lazarus c’est l’homme ressuscité. L’artiste continuera à vivre par le biais de sa création. Et oui, c’est vrai, ça ne lui ressemblait pas de parler ouvertement de sa fin.
In a season of crime none need atone
- Sue (Or In a season of crime)
To sue, ça signifie poursuivre en justice. C’est aussi le nom de cette femme qui hante le narrateur. Une femme qui se prétend vertueuse et pour qui il veut se ranger, mais qui finit dans les bras d’un autre. Une chanson mélancolique et une musique électrique qui ne présage rien de bon. Ce morceau renvoie au caractère cinématographique de la carrière de Bowie. Il est capable d’une imagination visuelle débordante !
Popo blind to the polly in the hole by Friday
- Girl loves me
Bon je dois l’avouer, je n’ai rien compris à ce morceau ! Et cela arrive parfois, mais là je n’ai pas réussi à traduire les paroles. Si d’ailleurs vous pouvez m’aider sur ce point ? En tout cas, ça me rappelle sa technique d’écriture que j’ai vu à l’exposition « David Bowie is… ». Il écrivait des phrases et découpait ses mots pour les replacer dans un autre sens. Peut-être l’a t-il appliqué ici ? En tout cas, c’est une chef d’oeuvre d’allitérations.
If I’ll never see the English evergreens I’m running to
- Dollar Days
Encore une mélodie mélancolique appuyée par le jazz. Et pourtant, on entend beaucoup de joie dans la voix de Bowie. Fait-il une ode à son pays natal qu’il a quitté pour New York ? Il semble lui vouer un amour certain, et se moquer de ses débordements. Il exprime aussi cette difficulté à créer ce qu’il souhaite. J’imagine très bien que lorsque nos jours sont comptés et que notre esprit déborde d’imagination, on éprouve alors plus que jamais la crainte de ne pas y arriver. C’est ce que je sens transparaître dans ce morceau très simple mais énigmatique.
That’s the message that I sent
- I can’t give everything
« Je ne peux pas tout donner », la lamentation finale de l’artiste qui part avant d’avoir pu tout donner à son auditoire. Ce morceau me brise le cœur maintenant… Il exprime toute cette peine qu’il a du éprouver à ne pas pouvoir vivre plus pour transmettre ces idées. Et même s’il a donné beaucoup, il aurait souhaité en faire encore. Mais la vie a ses limites. Ce morceau mélange tout ce qu’il a pu faire dans sa carrière musicale : guitare, boite à rythme, l’expérimentation musicale qui se termine par ce message scandé comme une excuse de devoir nous quitter maintenant. Mais je ne doute pas que son oeuvre nous réserve encore des surprises.
Je n’ai pas trouvé de portail pour les disquaires indépendants français comme ce qui se fait pour les librairies. J’ai donc trouvé un site belge qui vend vinyles et CD de « Blackstar » en ligne. Sinon, je vous conseille d’aller voir votre disquaire et de le lui commander. L’album est également disponible sur Spotify.
Merci beaucoup, j’ai adoré ?
De rien, j’en suis ravie 🙂
belle chronique je trouve…
Merci !